Le pays nordique, qui traverse une grave crise économique, lance une expérimentation de revenu de base. Le but est de généraliser cette mesure pour faire baisser le chômage. Un article de notre partenaire, La Tribune.
L’expérience fait beaucoup parler dans les pays anglo-saxons. La Finlande envisage de mettre en place un revenu de base de 800 euros à tous ses habitants en remplacement de l’ensemble des allocations versés par l’Etat. La proposition finale ne sera présentée par le gouvernement qu’en novembre 2016, mais si cette expérience est menée à son terme, le pays nordique serait le premier à se lancer au niveau national dans la réalisation effective de cette vieille idée. Cette proposition dépendra d’une expérimentation qui sera menée en parallèle. L’étude pourrait faire varier le montant final de la somme versée.
Le principe du revenu de base repose sur l’aspect généralisé et inconditionnel de ce versement. Il doit également se substituer à toute autre forme de transfert social conditionné ou non, comme l’assurance chômage ou les allocations familiales. L’idée qui préside à ce revenu de base est que les demandeurs d’emploi seront davantage motivés pour chercher des emplois. Les détracteurs du revenu de base y voient un « encouragement à la paresse », mais ce pourrait aussi être un moyen pour beaucoup de reprendre des études et, donc, de changer plus aisément d’emploi.
Les trois buts visés par le gouvernement
L’ambition du gouvernement de droite finlandais est triple,selon Olli Kangas, un des scientifiques qui travaillent sur le projet. D’abord, le revenu de base pourrait favoriser le travail partiel et temporaire. Les salariés disposant du « matelas de sécurité » du revenu de base seraient moins hésitants à accepter des tâches réduites et ponctuelles. Dans l’esprit du gouvernement, ceci contribuera à « fluidifier » le marché du travail et améliorerait la compétitivité des entreprises finlandaises, actuellement bien à la peine. Depuis quelques mois, le gouvernement impose des « réformes » sévères pour aller dans ce sens.
Deuxième objectif : supprimer les « découragements » à la recherche du travail. S’appuyant sur l’idée que le chômage repose sur le manque de volonté des demandeurs d’emploi, les concepteurs du revenu de base entendent encourager ceux qui, jusqu’ici touchaient des allocations chômage supérieures aux 800 euros mensuels à trouver rapidement un emploi. Une meilleure formation, soutenue par ce revenu de base, peut favoriser une meilleure mobilité professionnelle.
Enfin, Olli Kangas entend simplifier le système des allocations sociales en réduisant la bureaucratie. Le premier ministre finlandais, Juha Sipilä, du parti du centre, un parti de centre-droit plutôt libéral, a précisé que, selon lui, « un revenu de base signifie un système de sécurité sociale simplifié. » Le caractère inconditionnel et généralisé du revenu de base réduira le besoin de vérifier et remplir les modifications de revenus des allocataires. Les dépenses de l’État pourraient donc être réduites.
Coût ou gain ?
Pour la Finlande, la facture de cette expérience pourrait s’élever à 46,7 milliards d’euros par an, car le revenu de base n’est pas imposable. En 2013, selon l’office finlandais des statistiques, l’ensemble des dépenses sociales s’élevait à 50,43 milliards d’euros. Il y aurait donc une économie pour le budget du pays, sans compter les retombées attendues, si, effectivement, cette mesure est capable de réduire le taux de chômage et les dépenses administratives.
Grave crise
La Finlande traverse actuellement une des plus graves crises de son histoire économique de l’après-guerre. Le PIB du pays a reculé au troisième trimestre de 0,5 % sur un trimestre et de 0,2 % sur un an. L’économie du pays ne progresse plus depuis près de deux ans. Son taux de chômage se situe à 9,5 % de la population active en termes européens, contre 7,6 % voici trois ans. Le pays souffre d’une forte baisse de sa compétitivité par rapport à l’Allemagne, notamment. C’est là le problème principal de l’emploi dans le pays et la question de l’incitation au retour à l’emploi ne peut jouer qu’à la marge.
Trouver le bon montant
Dans un pays où le gouvernement multiplie les mesures d’austérité sans parvenir à redresser la croissance, la question du revenu de base sera celle de sa perception. 69 % des Finlandais y sont favorables selon les sondages, mais il faudra constater ses effets globaux sur la demande interne du pays. Pour certains, le revenu de base représentera une perte de revenus, pour d’autres un gain. Le plus difficile sera donc de trouver le bon curseur. L’expérience finlandaise risque donc de faire encore parler.
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